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Rabbin Abraham Hazan


 

Un pionnier de la réhabilitation des détenus en Israël


Le Rabbin Abraham Hazan fut nommé Grand Rabbin de la police et des services des établissements pénitenciers en 1969, un an après son émigration, avec sa famille, de France en Israël. En France, il fut Grand Rabbin de la communauté Séfarade de Strasbourg et également Aumônier de la région Est de l'armée française.

Lorsqu'il prit ses fonctions en Israël, il les accepta à la condition de pouvoir entreprendre des modifications significatives. Il ne se contenta pas d'un rôle consistant à surveiller la cacherouth, laquelle était déjà difficile à faire respecter, mais engagea progressivement la mise en oeuvre d'objectifs et de changements d'une portée considérable. Dès le début, il constitua une équipe au sein du Grand Rabbinat de plusieurs surveillants de cacherout et lorsqu'il quitta son poste, 22 ans plus tard, le rabbinat, sous sa direction, disposait de bureaux dans tous les districts, de 25 rabbins dont 12 rabbins dans les prisons, et de 20 éducateurs à temps partiel.

Très rapidement, il comprit la mission essentielle de sa fonction en évoquant ce verset : "Avec Lui je suis dans la détresse, je le sauverai et l'honorerai". C'est lors de ses discussions avec les détenus, qui exprimaient leur regret et leur volonté de faire Techouva, qu'il comprit l'urgence de répondre à leur attente. Il fallait donc élaborer un programme complet, lequel permettrait de rompre avec l'environnement de la délinquance et encouragerait un changement réel. Ce programme devait également éviter l'écueil d'une frustration de la part de celui qui vous confie son âme et le risque d'une rechute dans l'univers de la criminalité et de la drogue.

Le mot clé : réhabilitation

 


Ce discernement a amené le Rabbin Hazan à prendre une série d'initiatives pionnières, dont l'empreinte est toujours perceptible aujourd'hui, tant dans la législation israélienne que dans les divers services des établissements pénitenciers, et à leur tête l'Autorité de Réhabilitation du détenu et l'oeuvre de volontariat unique du "Keren Hatechouva". Nous vous présentons un résumé de ces initiatives exceptionnelles :

  • Législation et création de l'Autorité de Réhabilitation du détenu A ses débuts, l'Autorité fut la première entreprise de ce type. Jusqu'alors, le concept de réhabilitation des détenus à leur sortie de prison n'existait quasiment pas. Monsieur Abraham Hofman, Directeur Général et fondateur de l'Autorité de Réhabilitation du détenu, créée après le "Keren Hatechouva", écrivait à la fin de la Chiva du décès du Rabbin Hazan : "Le Rabbin Hazan a eu une démarche de pionnier dans ce domaine et, en tant que tel, a été contraint de lutter contre des systèmes administratifs qui n'ont pas toujours perçu sa singularité. De par sa tolérance et sa constance inébranlable, et du fait de sa personnalité marquante, il a réussi à toucher des cœurs rétifs et à changer les opinions. Comme le Rabbin Hazan en témoignait lui-même : "L'Autorité de Réhabilitation du détenu a été fondée grâce aux pressions que j'ai exercées avec le soutien du Ministre Uzan… pour faire entériner par la Knesseth la loi sur la réhabilitation du détenu, sur laquelle repose l'Autorité. J'ai organisé un lobby à la Knesseth concernant ce problème." Lorsque l'Autorité fut créée, le Grand Rabbin Hazan siégea avec les membres du Conseil National de l'Autorité.

    • CHaKeD - CHiKoum HaDati - La réhabilitation religieuse pour le détenu : système proposant une méthode de réhabilitation, selon l'esprit des valeurs du Judaïsme, aux détenus qui s'y intéressent, et ce, dans l'enceinte de la prison. Cette réhabilitation s'effectue dans des conditions et dans une ambiance de soutien écartant, dans la mesure du possible, le détenu des influences négatives de l'univers carcéral, et offrant une alternative réelle à cet univers.


  • Séminaires de Tora dans les prisons : cadres d'études mettant l'accent sur les rapports de l'homme avec son prochain et sur l'amélioration des qualités humaines. Selon les données des services des établissements pénitenciers, pour l'année 2005, 600 détenus ont suivi ces séminaires.


  • Section des Chomré mitsvot (pratiquants) : sections dans les prisons destinées aux détenus souhaitant respecter les mitsvot, ne se droguant pas, dans lesquelles est organisé un ordre du jour planifié incluant des études de Tora, des activités religieuses et un travail. Selon les données des services des établissements pénitenciers, pour l'année 2005, 709 détenus ont été orientés vers ces divisions.


  • "Keren Hatechouva" - Une idée qui a amélioré et complété la conception du monde de la réhabilitation juive du Rabbin Hazan. Pour éviter la récidive du délinquant libéré de prison, le processus de réhabilitation doit inclure des éléments répondant simultanément à ses besoins physiques, psychologiques et spirituels. C'est dans ce but que le Grand Rabbin Hazan a créé l'association "Keren Hatechouva". Il a collecté des dons grâce à ses relations avec la généreuse communauté juive de France. Puis il s'est adressé à des donateurs en Israël, d'une part, pour assurer la continuité des études de Tora et promouvoir un mode de vie juif et, d'autre part, pour accorder un soutien financier de base à l'ex-détenu et à sa famille. Le Fonds apporte son soutien dans les phases suivantes du développement de l'ex-détenu en réhabilitation : aide à la formation professionnelle, obtention d'un emploi, mariage, logement et équipement, et accompagnement des détenus réinsérés pendant plusieurs années, une fois revenus à la vie normale.


  • Création d'une auberge de réinsertion religieuse - Cadre de résidence de réinsertion thérapeutique permettant de combiner des études de Tora et une vie religieuse à un traitement de désintoxication associé à une intégration à un emploi, l'ensemble soutenu par un renforcement du potentiel personnel et juif.


Le Grand Rabbin Hazan a dirigé le "Keren Hatechouva", son "baby", jusqu'à son dernier jour. Il s'est soucié de transmettre le sceptre de la gestion à son fils Joël, afin que l'œuvre de sauvetage des âmes, qu'il avait lancé, perdure. C'est ainsi que l'association, aujourd'hui aussi, est conduite, discrètement et avec dévouement, en adoptant une ligne éducative religieuse modérée, ni extrémiste ni fanatique. Depuis sa fondation, non seulement plus de 800 détenus ont pu être réinsérés, mais la grande majorité d'entre eux n'a pas été réincarcérée. En outre, ils ont fondé leur foyer et certains sont devenus des rabbins en Israël.